Je restais assis, des heures durant,
cherchant à apprécier le trop ou le pas assez
dans les bruissements de ces objets flottants
afin de déterminer le très léger déplacement d'un contrepoids
qui en ferait une sculpture sonore que je pourrai signer.
Ce fut d’abord un jeu d’assemblage de quelques petits éléments souples de bambou avec quelques objets divers que j’avais sous la main.
A la constatation de la souplesse du bambou et de la possibilité du mouvement a succédé l’observation du phénomène de balancier.
Le jeu consistait à rejeter au plus loin du point d’accrochage, un objet léger s’équilibrant alors avec quelque objet lourd,
pierre, métal ou autre assemblage baroque.
Tel un oiseau déploie ses ailes….
La confrontation des images opposées dans leur caractère devenait alors un jeu
auquel se superposait la contemplation de la légèreté et de la lenteur du mouvement d’un balancier en équilibre,
ou au contraire de sa vivacité voire de son incongruité.
La multiplication de ces systèmes faisant chacun contrepoids à un autre système créait de soi-même
la polyphonie des images ou des sons lorsque les objets suspendus étaient sonores.
Alors se sont accumulées les questions liées à la composition :
Cohérence de l’ensemble des évènements, densité des évènements, richesse ou simplicité de la polyphonie, contrastes.
Un concept émergeait nécessairement de ces objets que je trouvais magiques :
je devais abandonner toute volonté quant au moment précis de chaque rencontre visuelle ou de chaque évènement sonore.
Mon plaisir finalement provenait justement de cet abandon dont les corollaires étaient la surprise et le plaisir de l’inattendu.