Ce n¹est pas tant sur une analyse physique du son que je travaille mais
plutôt sur ce que la musique concréte (Pierre Schaeffer est
à l¹origine de ce concept) appelle un objet musical. C¹est un son,
plusieurs sons, un agglomérat de sons qui peuvent être isolés comme
« faisant sens » du point de vue musical.
C¹est à dire qu¹il va
pouvoir avoir une fonction thématique. Cela signifie qu¹il présente
une unité, qu¹il peut être reconnaissable parmi un ensemble , et
qu¹il est suffisamment caractérisé pour rester identifiable au
travers des développements ultérieurs ; identifiable comme identique
où comme ressemblant, le but étant de pouvoir créer des liens à
distance. Je dis tout ça beaucoup moins bien que Pierre Schaeffer !
.. Tout ceci peut paraître un peu subjectif, et pourtant il me
semble que si on devait partager un avis sur l¹identité dŒun objet
musical, on pourrait assez souvent tomber d¹accord. C'est ce qui
fait qu'une musique est lisible.
Donc, partant d¹une séquence de 20
secondes qui a été préalablement improvisée, j¹isole un échantillon-
objet musical sur lequel je vais agir.
La 2ème idée que je mets en jeu, c¹est l¹hypothèse selon laquelle la
forme dynamique de cet objet musical, c¹est à dire son enveloppe, son
parcours dynamique va, d¹une certaine manière, être conservée à travers
la plupart des opérations qu¹il va subir; un peu comme s¹il
s¹agissait juste d¹un changement de proportions.
La 3ème idée est une idée de variation fondée sur la proximité.
La première étape de mon travail est un jeu instrumental improvisé
duquel j¹ extrais une série de séquences successives de 20 secondes .
Chaque séquence est donc une suite de sons que j¹ai enchaîné avec une
certaine logique musicale. J¹en déduis des objets musicaux « cousins
» par leur proximité avec un échantillon choisi : par exemple
l¹échantillon de la même durée mais immédiatement précédent ou
immédiatement suivant, où simplement proche à l¹intérieur d¹une période
de 1, 5 ou 10 secondes. C¹est l¹hypothèse selon laquelle des instants
proches ont des liens de « cousinage » qui me permets de les mettre
en jeu comme variation, extension ou développement. Je me sers de
ces liens pour les mettre en jeu d¹une manière polyphonique là ou,
au départ, ils se succédaient d¹une façon monophonique. L¹idée étant
que l¹ensemble conserve une cohérence qui découle de l¹unité de
l¹improvisation initiale.
La 4ème idée est liée à l¹aléatoire. Je
fais un parallèle entre une polyphonie et un paysage. Je considère
un paysage comme un ensemble d¹objets en mouvement,
ensemble homogène ou hétérogène, dont chaque partie a une certaine autonomie.
C¹est en m¹inspirant de ce modèle que j¹ai construit les modes de
déclenchement des échantillons sonores. Les échantillons sont déterminés par mes choix, puis par les transpositions que je leur applique.
Mais le moment de leur déclenchement reste pour partie indéterminé.
C¹est à dire indéterminé quant au choix parmi un groupe de l¹échantillon
joué ainsi que de la variabilité du rythme de déclenchement que je leur
applique .
Egalement, le choix entre certaine « transpositions » est par
endroit en partie indéterminé C¹est ce qui donne, lorsque je ne
modifie plus aucun paramètre, le sentiment à la fois de persistance
et de perpétuel changement.
La 5ème idée concerne une préférence pour des rythmes à période
sensiblement irrégulière. Je prends pour modèle la vague dont la cadence se répète inlassablement bien que jamais strictement identique